An automated robot leading a business meeting

Tendances

Donnez leur chance aux robots et à l’automatisation

Reading time:  5 Minutes

Confier certaines tâches aux machines peut ouvrir de nouveaux horizons, explique le journaliste technologique James Day

 

De l’avis général, les robots vont bientôt nous voler nos emplois. Un important rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques(1) sur les conséquences de l’automatisation dans le monde du travail révèle que 14 % des postes occupés par des humains ont de grandes chances d’être occupés plus tard par des machines.

Menée dans 32 pays, l’étude conclut que 10 % de ces emplois seront perdus aux États-Unis et 32 % des rôles changeront et nécessiteront que l’employé suive une nouvelle formation.

Cependant, avant d’envisager un scénario catastrophe en terme de perte d’emploi et la fin du monde du travail tel que nous le connaissons, ce changement n’est pas obligatoirement une mauvaise chose. La technologie a toujours eu tendance à créer plus d’emplois qu’elle n’en supprime et l’automatisation peut libérer les employés à condition qu’elle soit correctement réglementée. Découvrons ensemble quelles sont les tendances et les implications.

Qu’entendons-nous par l’automatisation sur le lieu de travail ?

Succinctement, cela fait référence à l’intelligence artificielle (ou IA) et à des robots perfectionnés qui effectuent des tâches autrefois accomplies par l’homme.

De nos jours, cette automatisation est par exemple à l’origine des bornes d’enregistrement en self-service et des portiques ePassport aux aéroports ou des chaînes de montage d’usines automobiles comme celles de l’usine Nissan de Sunderland, au Royaume-Uni(2), dont l’extrême efficacité est due à la collaboration de longue date entre les robots et les humains.

Certains analystes estiment que nous sommes à l’aube d’une révolution encore plus importante, où la pensée profonde affichée par le robot Watson d’IBM ainsi que les efforts collaboratifs de machines telles que Baxter de Rethink Robotics optimisent l’efficacité de fabrication et réduisent les coûts des lignes de production.

Quelles seront les conséquences de l’automatisation ?

Prenons l’exemple du Royaume-Uni. D’après un rapport de la Bank of England(3), la productivité n’a jamais été aussi basse depuis le XVIIIe siècle. C’est la raison pour laquelle les spécialistes en robotique appellent à investir dans l’automatisation afin d’améliorer l’efficacité.

Dans des secteurs comme la production industrielle et la santé, une augmentation de l’automatisation peut permettre de travailler plus vite et plus longtemps. Sur les coups des 17 heures, un employé pourrait par exemple être remplacé par des machines afin d’assurer un fonctionnement en continu et de multiplier par 2 le rendement de la chaîne de production ou de réduire le temps d’attente dans les hôpitaux et de libérer des lits plus rapidement.

L’automatisation peut en outre renforcer des économies en rapatriant des activités de production qui étaient auparavant effectuées à l’étranger, ce que pratiquent déjà certaines entreprises telles qu’Adidas(4).

La Corée du Sud, l’Allemagne et Singapour sont les pays les mieux préparés à l’arrivée des robots(5). La Chine et le Royaume-Uni sont derrière(6) en raison de l’abondance d’une main-d’œuvre meilleur marché, même si cette tendance est en train de s’inverser.

D’après l’IFR (la Fédération internationale de la robotique), nous comptons actuellement en moyenne 74 robots pour 10 000 employés humains. À titre de comparaison, ce chiffre s’élève à 631 en Corée du Sud et à 71 au Royaume-Uni.

Mais les choses deviennent vraiment intéressantes avec l’intelligence autonome, où les machines agissent d’elles-mêmes, comme les voitures sans conducteur. Utilisez la technologie du pilote automatique d’un avion dans un camion et vous pouvez conduire toute la nuit et livrer les marchandises plus vite(7).

Diagramme circulaire illustrant la place des humains et des robots

L’automatisation ne supprimera pas entièrement le besoin en travailleurs humains

 

L’automatisation est-elle une bonne chose ?

Selon le McKinsey Global Institute, la technologie dont nous disposons actuellement peut permettre d’automatiser environ la moitié des tâches effectuées par les humains. Mais il est important de noter que seulement 5 % d’entre elles peuvent être entièrement automatisées(8).

Pour réussir, il faut travailler avec les machines, et non pas contre elles. Et c’est ce que nous avons fait à travers l’histoire. Prenez l’exemple des moissonneuses-batteuses dans l’agriculture ou des logiciels et des tableurs qui simplifient les calculs.

Les analystes du cabinet de conseil McKinsey estiment que les nouvelles technologies créent des emplois car elles doivent être exploitées par l’homme. Un rapport « New Renaissance Hotspots Report » de la firme technologique chinoise Huawei, en partenariat avec l’Institute of Art and Ideas et les futuristes Kjaer Global, prévoit que l’automatisation crée 1,47 million d’emplois en Europe d’ici 2030(9).

Comment l’automatisation peut-elle libérer les travailleurs ?

Environ 70 % des chefs d’entreprise estiment que l’IA peut permettre aux humains de se concentrer sur des tâches plus importantes et de libérer plus de temps pour les loisirs, d’après l’enquête Bot.Me de PwC(10).

Le rapport Workforce of the Future(11) révèle également que certains optimistes pensent que l’IA peut créer un monde où nos capacités sont amplifiées, les machines nous aidant à traiter, à analyser et à évaluer les données, ce qui permet de consacrer plus de temps à une réflexion plus générale, à la créativité et à la prise de décision.

L’utilisation de machines pour des tâches manuelles permet en outre aux travailleurs d’avoir moins de charges lourdes à soulever, ce qui réduit les blessures, les factures médicales et les arrêts de travail. Des robots tels que SAM le maçon(12) pourraient même atténuer la crise du logement en posant des parpaings six fois plus vite. Notez aussi que de vrais maçons doivent toujours être présents pour charger les briques.

Ayez également une pensée pour les machines. Non, sérieusement : parmi les nouveaux emplois possibles, le rôle de défenseur des droits des robots est mentionné dans le rapport de Huawei.

Quelles compétences seront importantes à l’avenir ?

Si nous souhaitons compenser les 14 % d’emplois perdus à cause de l’automatisation, le plus important ne sera pas le chômage de masse, mais la reconversion de masse. Si vous faites preuve du bon état d’esprit, ce tournant peut être la parfaite occasion de changer de carrière ou de vous ouvrir de nouvelles portes.

Les jeunes qui arriveront sur le marché du travail devront également s’adapter, ce qui peut passer par plusieurs formations au cours de leur carrière. Un rapport publié par McKinsey(13) sur le futur numérique du travail indique que la formation continue jouera un rôle majeur.

Cela peut paraître assez vague, mais McKinsey explique que les compétences nécessaires pour traiter l’information vous aideront à vous adapter plus rapidement à de nouveaux rôles. Les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) pourraient également être essentiels dans notre travail avec les machines, notamment les ingénieurs qui devront assurer leur développement et leur maintenance.

Selon les prévisions, des aptitudes créatives, une bonne communication et une intelligence émotionnelle seront également très recherchées. « Les spécialistes de la science des données qui réussissent le mieux sont ceux qui peuvent raconter une histoire et ceux qui peuvent l’analyser différemment de façon créative. L’approche automatisée ne remplace pas cette créativité », déclare Martin Duffy, directeur des analyses chez PwC Irlande.

« Le monde évolue. La complexité de la société et de la croissance de l’activité change le futur des emplois et des compétences », ajoute Anne Lise Kjaer, futurologue chez Kjaer Global. « Avec l’évolution de la technologie, et notamment la robotique et l’IA, de plus en plus d’emplois traditionnels sont automatisés et les règles régissant l’enseignement et les compétences changent.

« Les particuliers comme les entreprises devront donc avoir toujours la croissance à l’esprit et encourager la créativité, la flexibilité et les aptitudes à l’apprentissage qui nous rendront plus forts et qui nous permettront de prospérer dans ce monde en pleine évolution. »

 


James Day est un journaliste spécialiste des technologies basé au Royaume-Uni.

Sources :

(1) https://read.oecd-ilibrary.org/employment/automation-skills-use-and-training_2e2f4eea-en#page1

(2) https://www.cnet.com/uk/pictures/nissan-uk-plant-robots-humans-pictures/

(3) https://www.thetimes.co.uk/article/productivity-at-weakest-level-since-18th-century-w08hsm6v6

(4) https://www.economist.com/news/business/21714394-making-trainers-robots-and-3d-printers-adidass-high-tech-factory-brings-production-back

(5) http://www.cityam.com/284497/these-countries-most-prepared-rise-robots-and-approaching

(6) https://www.electronicsweekly.com/news/business/uk-lags-world-robots-2018-02/

(7) https://www.wired.com/story/what-does-teslas-truck-mean-for-truckers/

(8) https://www.mckinsey.com/featured-insights/future-of-organizations-and-work/the-digital-future-of-work-what-will-automation-change

(9) http://www.bqlive.co.uk/creative-media/2018/04/25/news/uks-creative-and-tech-cities-of-tomorrow-revealed-31959/

(10) https://www.pwc.com/us/en/press-releases/2017/report-on-global-impact-and-adoption-of-ai.html

(11) https://www.pwc.com/gx/en/services/people-organisation/workforce-of-the-future/workforce-of-the-future-the-competing-forces-shaping-2030-pwc.pdf

(12) https://www.digitaltrends.com/cool-tech/sam-bricklaying-robot-6x-faster-than-you-can/

(13) https://www.mckinsey.com/featured-insights/future-of-organizations-and-work/the-digital-future-of-work-what-skills-will-be-needed